monique saint-hélier

Monique Saint-Hélier est née à la Chaux-de-Fonds en 1895, dans le Jura neuchâtelois, où elle passe son enfance et son adolescence. Elle commence des études de lettres à Lausanne, avant d’épouser, en 1917, Blaise Briod, étudiant en théologie protestante. Le couple s’installe à Berne, où Monique Saint-Hélier est la secrétaire de Gonzague de Reynold; sous l’influence de l’écrivain fribourgeois, les Briod se convertissent au catholicisme. Des années bernoises date aussi la brève amitié avec Rainer Maria Rilke, évoquée dans Souvenirs et portraits littéraires (1985).

En 1926, Monique Saint-Hélier suit à Paris son mari, fonctionnaire de la Société des Nations. Tous deux se lient avec des écrivains et des peintres rencontrés rue de l’Odéon, dans la librairie d’Adrienne Monnier. Mais en 1927, Monique Saint-Hélier, atteinte dans sa santé, est condamnée à s’aliter pour ne plus se relever jusqu’à sa mort, qui surviendra à Chambines (Eure) en 1955. Recluse dans son appartement parisien pendant vingt-huit ans, elle couvre des milliers de pages pour lutter contre l’enfermement et la souffrance physique. Après un premier roman de caractère autobiographique, La Cage aux rêves (1932), elle construit progressivement une chronique familiale inspirée des années et des lieux de sa jeunesse : Bois-Mort (1934) et Le Cavalier de paille (1936), publiés chez Grasset, connaissent un grand succès; vingt ans plus tard paraissent Le Martin-Pêcheur (1953) et L’Arrosoir rouge (1955), chez le même éditeur.

« La musique remplissait les murs, sortait des fleurs, des épaules, des tentures que le vent des robes soulevait, – tournait, rampait, levant dans les âmes de vieilles poussières. Et ceux qui regardaient le bal avaient la gorge serrée, comme si chacun prenait l’angine. Des époux paisibles se jetaient des regards désorientés… «mais non, ce n’est pas toi… c’est quelqu’un d’autre.» – J’avais vingt ans», disaient les face-à-main… – «trente-deux», pensait Peyrève, les yeux perdus, le sourire un peu fixe… « elle était…»
—  Je vous dis que vous referiez la même chose, fit Ancelin aîné, en lui tapotant légèrement sur l’épaule… pas besoin de rougir, je sais à quoi vous pensiez : tous pareils, – la musique, c’est la gale de l’âme. Au fond… qu’est-ce qui ressemble plus à un cimetière qu’un grand bal ?… Ce ne sont pas les vivants qui dansent, mon cher, ce sont les morts qui sont en nous. »

Monique Saint-Hélier, Bois-mort (Paris, Grasset, 1934).

ŒUVRES

La Cage aux rêves, Paris, Corrêa, 1932 (rééd. Vevey, L’Aire, 2005).
Bois-Mort, Paris, Grasset, 1934 (rééd. Poche suisse 40, 1996).
Le Cavalier de paille, Paris, Grasset, 1936 (rééd. Vevey, L’Aire, 1988).
Le Martin-Pêcheur, Paris, Grasset, 1953 (rééd. Poche suisse 61, 1987).
Quick, Neuchâtel, La Baconnière, 1954 (rééd. Vevey, L’Aire, 1996).
L’Arrosoir rouge, Paris, Grasset, 1955 (rééd. Vevey, L’Aire, 1986).
Souvenirs et portraits littéraires, Vevey, L’Aire, 1985.
Les Joueurs de harpe, Vevey, L’Aire, 1987.
Monique Saint-Hélier, Lettres à Lucien Schwob, Vevey, L’Aire, 1985.
Monique Saint-Hélier/Jean Paulhan, Lettres 1941-1955, Paris, Gallimard, 1995.

À CONSULTER

Michel Dentan et Pierrette Piolino, Le Jeu de la vie et de la mort dans l’œuvre de Monique Saint-Hélier, Lausanne, L’Age d’Homme, 1978.
Anne Mooser, Monique Saint-Hélier, Fribourg, Editions Cristal, 1996.
Ecriture 26, 1986, consacré à Monique Saint-Hélier.